Marc-Auguste Pictet (1752-1825)

allié Turrettini, fils de Charles ci-dessus, succéda à Horace Bénédict de Saussure (1740-1799) dans la chaire de physique expérimentale à l'Académie où il imposa, l'un des premiers, la chimie nouvelle d'Antoine Lavoisier (1743-1794). Il s'occupa aussi d'astronomie (un cratère de la Lune porte son nom) et de météorologie, et créa en 1796 avec son frère Charles (ci-dessous) et Frédéric-Guillaume Maurice (1750-1826), la Bibliothèque britannique* , un périodique qui répandit sur le continent, sous forme d'articles et de traductions, les découvertes scientifiques faites en Angleterre (notamment la vaccine), la littérature (Jane Austen) et l'agronomie anglaise. Genève ayant été annexée en 1798, Marc-Auguste collabora avec le régime français. Napoléon le nomma en 1802 membre du Tribunat pour le département du Léman à la place de Benjamin Constant, et en 1808, Inspecteur général de l'Université impériale. Il fit beaucoup dans ses fonctions pour sauvegarder l'autonomie et le caractère protestant de l'Académie genevoise. Associé non résident de l'Institut, membre entre autres de la Royal Society et de la Royal Institution de Londres, il fut plutôt qu'un savant (il n'a laissé qu'un Essai sur le feu où il formule la théorie de la réfraction du froid), un vulgarisateur de grand talent qui à travers une correspondance de près de 3000 lettres échangée avec plus de 400 correspondants a, malgré les guerres et le blocus continental, joué le rôle de trait d'union entre les membres de l'Europe savante. Chevalier de la Légion d'honneur 1804, Chevalier de l'Empire 1808.
Concernant Marc-Auguste Pictet, lire RILLIET, CASSAIGNEAU, Marc-Auguste Pictet ou le rendez-vous de l'Europe universelle, Genève, René Sigrist Slatkine, 1995; Correspondance science et technique, 4 vol., Genève, 1996-2004).
*Symbole de l'anglophilie genevoise, ce périodique a publié chaque année en différentes livraisons l'équivalent de sept volumes de 500 pages chacun: deux dans la série Sciences et Arts, deux dans la série Littérature et un dans la série Agriculture. Les souscripteurs ne sont que quelques centaines mais tous appartiennent à l'élite intellectuelle en Suisse, France, Autriche, Allemagne, Italie et Russie. Ne traitant pas de politique, Napoléon, malgré le blocus continental, ne l'a jamais interdite. Cette entreprise s'est continuée dès 1816 sous le nom de Bibliothèque universelle.
Lire sur le sujet: BICKERTON, David, Marc-Auguste and Charles Pictet, the "Bibliothèque britannique" and the Dissemination of British Literature and Science on the Continent, 1978 (rééd. 1986).