Lorsque les Pictet acquièrent la bourgeoisie au XVe siècle, celle-ci s’obtient moyennant une modeste somme d’argent ainsi que le don d’un ou plusieurs objets garants de l’indépendance de la cité.
Pierre Pictet, paysan notable originaire de Moisin
– un village de la paroisse de Neydens appartenant alors à l’évêque de Genève –, débourse sept florins (à peu près 400 francs suisses actuels) et donne une arquebuse pour devenir bourgeois.
Aux siècles suivants, avec l’arrivée des réfugiés protestants, le coût pour acquérir la bourgeoisie augmentera sensiblement.
Les Pictet font partie du petit nombre de familles genevoises dites « autochtones », c’est-à-dire ayant acquis le droit de bourgeoisie avant la Réforme de 1536. Avec certaines familles françaises et italiennes réfugiées à Genève après la Réforme, ils composent ce que l’on nomme communément le «patriciat», véritable aristocratie républicaine.
Outre les droits économiques et politiques, la bourgeoisie genevoise s’appuie sur une troisième composante essentielle : le calvinisme. Profondément marquée par les valeurs protestantes, la bourgeoisie forme depuis la Réforme et pendant trois siècles un ensemble homogène qui se donne pour vocation de gérer la destinée morale et politique de Genève.
D’ailleurs, dans le protestantisme, la notion de vocation comprend l’engagement religieux, mais également l’engagement professionnel. Chez les Pictet, cette mission et ce lien à la cité se déclinent ainsi en plusieurs vocations dans lesquelles s’illustrent de très nombreux membres de la famille: magistrats, pasteurs, banquiers, scientifiques, industriels, humanistes, militaires et aventuriers.